À l’approche du Tourist Trophy 2025, Pierre-Yves Bian se confie sur sa préparation, ses choix techniques et ses ambitions pour la saison à venir. Après une année marquée par une blessure, il revient plus affûté que jamais, avec une nouvelle machine, un nouveau team… et une détermination débordante. Il évoque son travail hivernal, ses liens avec Peter Hickman, ses objectifs sur l’île de Man, et le reste du calendrier international. Une interview authentique avec un pilote qui garde les pieds sur terre mais les yeux rivés sur la ligne d’arrivée.
Une préparation intensive pour le Tourist Trophy 2025
Le Tourist Trophy 2025 approche, peux-tu nous en dire plus sur ta préparation de cette saison ?
P-Y Bian : « Après une année 2024 assez compliquée sur le plan physique à cause d’une blessure à la clavicule, je me suis vraiment préparé sérieusement pour cette saison 2025. J’ai repris dès la fin du TT 2024, avec beaucoup d’entraînements. Je me suis notamment entraîné avec mes amis, les frères Claude, qui évoluent en championnat du monde de biathlon. Ils m’ont énormément aidé sur le travail de fond et l’endurance. J’ai aussi perdu du poids pour me sentir vraiment bien sur la moto. Ça a été un gros boulot, donc maintenant j’ai vraiment hâte de reprendre. »
Ok mais sur la préparation axée sur la moto ?
P-Y Bian : « Côté entraînement moto, j’ai clairement passé un cap. Je me consacre à la moto toute l’année et j’ai multiplié les allers-retours en Espagne pour rouler avec la Triumph et la S1000. J’ai amélioré mes trajectoires, réduit mes chronos, et je me sens vraiment à l’aise sur la Triumph. »
« Je suis aussi coach pour des pilotes, aussi bien amateurs qu’en compétition, lors de journées de roulage. Certains me réservent pour une journée complète, voire pour tout un week-end. Ça me permet de garder les roues sur la piste, de partager des super moments, et surtout de transmettre mes astuces de pilotage. »
Cette année, tu vas porter le numéro 2 sur les départs de 2 courses Supertwin. C’est une belle reconnaissance, tu le vis comment ?
P-Y Bian : « Franchement, je suis super fier d’être numéro 2. Ce n’est quand même pas donné à tout le monde de partir avec un numéro pareil, donc je le prends vraiment comme une belle reconnaissance et j’en suis très content. J’ai déjà fait plusieurs top 10 en Supertwin au Tourist Trophy, dont un podium en 2023, alors après ces résultats, ça fait vraiment plaisir. Je vais continuer à apprendre sur cette course et à donner le meilleur de moi-même. »
Et est-ce que tu as un peu la pression d’avoir ce numéro ?
P-Y Bian : « Non, pas du tout. Je suis déjà parti avec le numéro 9, le 8, le 3, et maintenant le 2. Donc non, ça ne change rien : je vais faire ma course, faire mon boulot, et ça ira. En plus, ce sont des gars contre qui je me bats régulièrement maintenant dans le top 10 en Supertwin. »
« Mais oui, je m’en souviens, la première année en 2022, quand ils m’ont donné le numéro 9 alors que j’étais censé avoir le 35… Ils me l’ont attribué juste avant la course. Là, j’avais la pression, surtout quand je voyais qui partait derrière moi. »
Sur l’île de Man, côté sensations, est-ce qu’il y a un endroit particulier que tu attends avec impatience cette année ?
P-Y Bian : « Moi, j’ai toujours adoré la partie montagne. C’est vraiment un coin incroyable. Je pense que n’importe quel motard devrait rouler là un jour — c’est plus que fabuleux. Quand tu arrives à l’épingle qui te lance dans la montagne, c’est un moment unique, presque magique. »
« Je me souviens encore de mon tout premier tour, en 2019 : c’était complètement fou. C’est vraiment une chance, mais surtout un immense plaisir, de pouvoir rouler là-bas. »
Une nouvelle équipe et de nouvelles motos
L’année dernière, en Supertwin, tu as eu des soucis avec la Paton. Tu as failli perdre le réservoir en pleine course. Qu’est-ce qui s’est passé ?
[Rires]
P-Y Bian : « Une histoire de fou… Top départ, Mark me tape sur l’épaule, et c’est parti. Poignée dans l’angle, je fonce vers Saint Ninians, et à pleine vitesse, dans la compression de Bray Hill, je sens un truc péter. Le réservoir se met à bouger ! »
« J’ai continué à rouler en le serrant comme je pouvais avec les jambes. Dans le dernier tour, en arrivant à Ramsey, je ne comprends pas ce qui se passe : j’ai l’impression que le carénage me touche la cuisse… mais en fait, c’était le filtre à air qui était en train de se barrer tellement la boîte à air était ouverte dans tous les sens. »
« Après Hairpin, j’ai carrément arraché le filtre à air et je l’ai balancé dans le bois. J’ai réussi à finir la course en gardant la main sur l’embrayage au cas où… »
« Honnêtement, je n’étais pas très content. Quand tu te prépares toute l’année pour le Tourist Trophy et qu’un problème comme ça arrive, forcément, tu chauffes. Avec l’adrénaline, la tension, l’intensité de la course… le retour aux paddocks à chaud, je n’étais clairement pas super souriant. »
« Mais bon, une fois que la pression retombe, tu dis ce que t’as à dire à l’équipe, et tu relativises. Un souci mécanique, ça arrive. Et malgré tout ça, j’ai terminé la course à la dixième place. »
« C’est de l’expérience, et tu sais, au TT, rien n’est jamais acquis. Regarde Michael Dunlop : il avait 20 secondes d’avance en Superbike, et il a perdu la course à cause d’une simple visière mal clipsée par un mécano. Il suffit d’un rien… »
Du coup, tu changes cette année ?
P-Y Bian : « Oui, je change cette année. Après cinq ans avec le team, il était temps de tourner la page. Ce sont vraiment des amis pour la vie, ces gens-là. Ils m’ont énormément aidé au bon moment, quand il fallait faire monter ma carrière. Mais voilà, c’est une nouvelle étape qui commence. Peter m’a proposé un super projet, et je ne pouvais pas dire non. »
Est-ce que ce changement est lié à ce qui s’est passé l’an dernier, ou c’est vraiment l’opportunité avec Peter qui a fait la différence ?
P-Y Bian : « Un peu des deux, pour être honnête. J’aime les nouveaux projets, ça m’excite, ça me motive. Et ce qui est vraiment un plus, c’est que je connais déjà très bien l’équipe avec qui je vais travailler — ça fait trois ans qu’on collabore avec Peter. »
« Donc ça va être vraiment sympa. Et puis là, je repars sur une base neuve, avec une nouvelle moto, et ça fait du bien aussi. »
Du coup, tu repars sur une nouvelle base cette saison ?
P-Y Bian : « Oui, je repars vraiment sur une nouvelle base, avec de nouvelles motos. On a bien fait évoluer les Triumph, et on a beaucoup roulé cet hiver pour bien comprendre le nouveau matériel, notamment les nouvelles suspensions. Donc oui, je suis prêt, et j’ai vraiment hâte — ça promet d’être une belle saison. »
Et là, tu vas rouler sur quoi, cette année ?
P-Y Bian : « Alors, cette année, je vais rouler en Supersport, toujours avec la Triumph 765 Trooper, avec comme coéquipier — et manager — Peter Hickman. En Supertwin, je serai au guidon d’une Aprilia 660, au sein du team PHR Peter Hickman Performance. »
« Je laisse la BMW M 1000 RR au garage. On en a beaucoup discuté avec Peter, et j’ai décidé de me concentrer pleinement sur le Supertwin et le Supersport. L’an prochain, je passerai probablement à l’étape supérieure. Il ne faut pas se précipiter : mieux vaut faire deux catégories à fond que trois moyennement. »
Tu es proche des top pilotes anglais, vous êtes plutôt soudés ?
P-Y Bian : « Oui, ça se passe extrêmement bien et je trouve que c’est vraiment différent de ce qu’on peut vivre en France. Il y a énormément de respect entre nous et il n’y a pas de jalousie entre nous et une tres bonne ambiance. »
Tu passes pas mal de temps avec Peter Hickman, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur l’équipe ?
P-Y Bian : « Peter, c’est vraiment quelqu’un de très généreux. C’est lui qui m’a tendu la main fin 2022, et aujourd’hui, c’est devenu un ami. Même avec mes mécaniciens et toute l’équipe, on est vraiment soudés — et ça, c’est super important. »
« Travailler avec des gens avec qui tu t’entends bien, où c’est sérieux et carré dans la journée, mais où tu peux aussi passer de bons moments le soir et te régaler, je pense que c’est le parfait équilibre. Et c’est exactement ce qu’on cherche dans une équipe. »
C’est important d’évoluer dans ce cercle pour toi ?
P-Y Bian : « Oui, c’est hyper important. Je pense qu’à haut niveau, tous les détails comptent. Et pour moi, ce n’est pas juste un détail — c’est essentiel d’être soudé et d’avoir la confiance des gens autour de soi. »
« Quand j’arrive le matin dans l’équipe, tout le monde a le sourire. En deux ans, je n’ai jamais vu quelqu’un râler. Et moi, c’est pareil : je suis naturellement comme ça, toujours à essayer d’être positif et d’apporter de la bonne humeur. »
« Être positif, c’est toujours une bonne chose. Je pense que c’est justement ça qui crée un bon mix et qui fait la force d’un groupe. »
Des objectifs ambitieux pour le TT 2025
Tu as bien pris en main la Triumph pour le Supersport maintenant, tu te sens comment pour cette saison ?
P-Y Bian : « On a fait beaucoup de tests hivernaux, notamment des roulages et des essais BSB (British Superbike). Je suis vraiment content parce que j’ai énormément progressé. J’ai aussi beaucoup travaillé sur moi-même, je me suis remis en question cet hiver. »
« Même si j’étais blessé, ça m’a permis de prendre du recul sur plein de choses. Je pense que je vais dans le bon sens. Je commence à comprendre pas mal de choses, et maintenant j’ai vraiment hâte d’aller à la North West 200, qui arrive dans 10 jours. »
Tu vises un top 10 en Supersport cette année, ou tu te concentres plus sur la Supertwin ?
P-Y Bian : « Non, cette année, l’objectif c’est clairement de me concentrer davantage sur la Supersport. La Supertwin sera un peu le bonus. C’est une catégorie qui m’a plutôt réussi ces dernières années, donc on verra. »
« Quoi qu’il arrive, je vais donner le meilleur de moi-même. Quand je m’engage dans quelque chose, je le fais à fond — sinon je ne le fais pas. Un top 15 au TT en Supersport, ce serait déjà un bel objectif. Et pourquoi pas, un nouveau podium en Supertwin ! »
Le programme de la saison 2025 : un calendrier intense rythmé par des courses prestigieuses
Tu as prévu quoi pour le reste de la saison, hors TT ?
P-Y Bian : « Il y a la North West 200 dans 10 jours. Ensuite, Imatra en Finlande début juillet, puis Chimay en Belgique fin juillet. Il y aura sûrement d’autres courses en août et septembre à confirmer, et très probablement Macao en novembre. »
Tu as hâte de tout ça ?
P-Y Bian : « Oui, vraiment. Je n’ai jamais été aussi bien préparé. Et quand tu es prêt physiquement et mentalement, tu es bien dans ta tête. Il ne reste plus qu’à tout donner, et on verra bien ! »
Tu as déjà participé à toutes ces courses ?
P-Y Bian : « Oui, toutes… sauf Macao, qui sera une première pour moi. »
Du coup, tu appréhendes Macao comment ?
P-Y Bian : « Comme toutes les autres courses. Avec l’expérience que j’ai aujourd’hui, une nouvelle épreuve me met beaucoup moins de pression. Je sais comment me préparer, comment l’aborder. »
« Donc j’y vais sans stress, mais avec une grosse dose de concentration. »
Physique, mental, motivation : tu te sens comment à l’aube de la saison ?
P-Y Bian : « Je suis vraiment bien. J’ai fait un gros travail de fond cet hiver. Je me sens en forme, plus que jamais. Donc là, j’ai vraiment hâte que ça commence, encore plus que les autres années. »
Pour ceux qui te suivent, comment peuvent-ils te soutenir cette saison ?
P-Y Bian : « C’est simple : ils peuvent me suivre sur mes réseaux sociaux, notamment Instagram, et aussi sur la page du team PHR. »
« Et s’ils veulent me filer un petit coup de main ou simplement m’encourager, ils peuvent me contacter directement là-bas. Tout soutien fait une vraie différence ! »
